Road-trip dans le sud de l’inde
Depuis mon retour du Canada fin 2019, je n’avais plus fait de grand voyage. Pour cause, la crise du Covid et un tas d’autres raisons qui font qu’on s’enferme dans la routine. Bien sûr que je commençais à ressentir ce « manque » après 4 ans sans voyager : manque d’inspiration, cet ennui de ne pas voir quelque chose de nouveau. J’étais un peu comme une fleur qui progressivement se courbe sur elle-même. Une amie à Floriane était partie en Inde depuis déjà 3 ans. On lui avait promis qu’on viendrait la voir. 2024 était sa dernière année de contrat, j’avais une disponibilité qui coïncidait à la saison propice en Inde. Tout était aligné pour y aller avant qu’il ne soit trop tard ! 8 mois avant notre départ, nous avons donc commencé à planifier notre voyage.
Avant de partir en Inde
Partir en Inde ne s’improvise pas. Les démarches administratives sont obligatoires et chanceuses que nous étions, Mathilde a tout fait à notre place puisqu’elle connaissait le processus. Je vous avouerai que pour obtenir un VISA via Internet, c’était la mer à boire entre un site web qui emmenait sur un autre, puis un autre pour se retrouver sur un site web écrit exclusivement en hindi, une des langues officielles du pays. Le coût était de 50€ à nous deux. Bien sûr le passport est obligatoire !
Autre démarche qui se planifie : la médecine. Selon la durée du séjour (+ ou – d’un mois), il faudra réaliser des vaccins. Pour notre part, nous ne séjournions pas assez longtemps pour que le vaccin soit fortement recommandé. Dans votre valise, je vous recommande un petit kit de survie pour la diarrhée, la flore intestinale, la fièvre, etc. Les épices ou le gras très présents dans les plats peuvent fragiliser votre estomac à la longue.Croyez-moi, j’en ai fait la belle expérience !
Le départ
C’est parti pour l’aventure avec Floriane ! On nous a dit que l’Inde allait nous transformer, que nous reviendrons différentes. Il est 4h du matin, nous sommes en direction de l’aéroport de Lyon avec un petit pincement au cœur car nous laissons notre chatte Saphira pour plusieurs semaines chez les parents de Floriane. C’est la première fois qu’elle restera aussi longtemps loin de nous, dans un milieu qu’elle connaît à peine. Mais le plus important, c’est que nous sommes prêtes à accueillir ce voyage à bras ouverts.
Nous arrivons à Bangalore (Bengaluru) quasiment 24h après notre départ en comptant le décalage horaire. Mathilde, l’amie de Floriane chez qui nous logeons et nous passerons notre 1ère partie de l’aventure est venue nous récupérer. En attendant de passer l’immigration, j’ai reçu un SMS de belle-maman qui me demande si les affaires posées sur la table à repasser sont à moi. En arrangeant les valises, Floriane avait sortie mes affaires en pensant que j’allais les remettre. Oups ! L’immigration passée avec un peu de peine, il est temps de finir la nuit chez Mathilde.
On se se lasse jamais d’être au-dessus des nuages
Il fallait bien immortaliser ce moment avec le réseau social à la mode !
Jour 1 : s’acclimater au pays
Pour le 1er jour, nous avions prévu d’être « chill » car un road-trip nous attendait dès le lendemain. Puisque la moitié de mes affaires était restée en France, nous sommes parties faire du shopping au Mall du coin. C’est à Bangalore que se trouve le 3e plus grand centre commercial d’Asie, le Phoenix Market City. Nous sommes allées dans un mall un peu plus petit. L’idée était de trouver efficacement 2-3 habits plutôt que d’entrer dans ce géant bâtiment.
Nous avons pris le « lunch » très tardivement (ce qui deviendra une habitude de manger aux alentours de 15h – 16h le reste du voyage), Mathilde nous a fait découvrir le restaurant où elle allait manger durant ses pauses-déjeuners, le restaurant Itihaas.
Il faut savoir qu’en Inde, il est coutume de manger avec ses mains et uniquement la main droite. Il y a des éviers à disposition mais très rarement du papier pour s’essuyer. Il est possible d’avoir de l’eau gratuitement comme en France mais il faut bien demander si elle est filtrée ! Je vous promets, l’eau filtrée ne devrait pas craindre. Mais vous pouvez toujours opter pour de l’eau en bouteille si jamais.
Les scooters sont très courant
La vue depuis le toit d’une résidence
Les chiens ne sont pas adoptés mais souvent on leur donne à manger
Selon où vous êtes en Inde, il faudra demander un Masala Tea ou un Chaï Latte.
Les indiens ont chacun leur appellation.
Après le lunch, Mathilde a l’habitude de boire le Chaï Latté / Masala Tea, la boisson locale indienne dans un shop à quelques mètres du restaurant. Nous longeons la Service Road, une route qui longe l’autoroute et où il faut être prudent. Pourquoi ? Parce que les indiens peuvent rouler à contre-sens et cela ne dérange personne ! Nous arrivons devant un petit shop qui comme dirait l’expression française « ne paie pas de mine ». Le proprio connaît Mathilde, ils échangent quelques politesses puis nous goûtons cette boisson qui s’avèrera un délice ! C’est un mélange d’épices mélangé avec du lait très chaud servi dans un petit verre.
En fin d’après-midi, nous nous promenons autour du lac de Yelahanka Lake. Une bonne heure de marche où nous avons admiré la golden hour puis les couleurs rosées du coucher de soleil. Mathilde me fit remarquer que le croissant de la Lune n’était pas comme en Europe, et qu’ici il ressemblait à un sourire dû à la latitude du pays. Lorsque nous marchons, j’entendais des bruits de machines. Comme des machines à coudre. C’était effectivement bien cela. Mathilde me raconta alors qu’il y avait des usines de tisseuses un peu cachées dans les immeubles au bord du lac et qu’elles ne s’arrêtaient pratiquement jamais.
Le soir, nous rencontrons le petit ami de Mathilde, Somana. Il est indien et à cœur de nous faire découvrir la nourriture locale ! La soirée se déroula au bar, le Watson’s Sahakara Nagar. Somana nous a fait goûter plusieurs « appetizers » pour qu’on puisse découvrir les différentes épices et s’habituer progressivement à leur intensité. Sans faire exprès, j’ai croqué dans un piment. Il a fallu 5 bonnes minutes pour stabiliser mon corps en ébullition. Me voilà baptisée !
Après cette première journée, je constate bien des différences avec la France mais il est inutile d’en faire des comparaisons car les deux pays ont deux histoires si richement différentes et opposées avec une maturité de développement non comparable. Par contre, l’Inde est un pays où se trouvent de multiples paradoxes. Allez, il est temps de recharger les batteries. Demain, le road-trip en direction du sud démarre.
Jour 2 : Direction l’Inde du Sud
Toutes les 3 en backpack, nous sommes prêtes à explorer le sud de l’Inde. Mathilde a acheté une voiture pour être plus indépendante et visiter plus facilement les alentours. Bangalore est une ville immense et il faut minimum 1h pour la traverser, si ce n’est plus selon les embouteillages ! Pour conduire en Inde, il ne suffit pas de savoir conduire une voiture et respecter les panneaux comme en France. D’abord, le permis s’obtient en l’achetant et ensuite, il faut être patient, savoir s’affirmer sur la route et être très vif ! Personne ne respecte les panneaux, ni les lignes. Les insertions d’autoroute sont en forme de X, des croisements pas du tout sécurisés. C’est à dire qu’il y a une entrée qui fait également sortie sur 20m. Les voitures peuvent sortir et entrer en prenant des virages à 90°. Pas de ligne pour décélérer, ni accélérer. Seulement un klaxon et votre vivacité pour s’insérer dans le méli-mélo des véhicules et la cacophonie des klaxons. En Inde, ils klaxonnent pour tout. Klaxonner est même recommandé car puisque chacun fait sa vie sur la route, il est important d’avertir sa présence. Je ne fais pas de ski mais Mathilde m’a dit que conduire en Inde, c’est comme faire du ski. Tu t’occupes seulement de ce qu’il y a devant et t’avances.
Un vélo sur l’autoroute, oklm
Nous avons pris le petit déjeuner à la sortie de Bengalore, au restaurant Kadamba Veg où j’ai mangé un Vada, une sorte de donut salé, un plain Dosa, une crêpe à base de riz et de farine servie avec 2 sauces, un Idli, des petits pains blancs et un sweet Lassi qui est du yaourt mixé. Le mien avait un petit coulis de mangue en plus. Un délice un peu huilé pour l’estomac mais si bon !
Plain Dosa avec 2 sauces et un Vada
Sweet Lassi et des idli
Sur le trajet, nous nous sommes arrêtées au Temple Somanathapura au beau milieu d’un village. Il a fallu 68 ans pour construire le temple pour qu’il ne soit actif qu’une quarantaine d’années à cause de l’invasion des Monghols qui ont saccagé les sculptures. Une guide nous a raconté son histoire. Nous étions pieds nus en cherchant chaque petite parcelle d’ombre pour refroidir nos pieds brûlants. À la sortie du temple, nous nous sommes hydratées avec une noix de coco. Un délice. Mais à ma plus grande surprise, ça ne sera pas ma boisson surprise de ce voyage ! (Le Lassi en 1er, le Thé Masala en 3e… mais qui est le 2e ?)
Dans les villages, il n’y a pas de places de parking, ni de trottoir. Chacun se gare comme il veut.
Des cultures et des cultures
Un camion bien chargé de feuilles de bananiers
Nous avons pris le déjeuner à Mysore au restaurant Sandhyas House pour découvrir un nouveau plat indien : le thali. Le thali est un plat où une plain dosa (la fameuse crêpe), du riz et différents assortiments de sauces sucrées et salées sont servies sur une feuille de bananier. Il est possible de reprendre autant de riz que nous souhaitons mais je vous défie de finir déjà ce que vous avez sous votre nez ! Pour le dessert, nous avons une sorte de pâte sucrée. Les femmes à côté de nous voulaient nous proposer des petites boules avec une épice spéciale. Souvent, ces petites boules étaient mangées à la fin du repas pour avoir une haleine fraîche.
Nous visitons le Palais de Mysore après le repas. Dès la sortie de la voiture, nous avons compris que nous allons être prisées par les demandes de selfie car le site était très touristique. Le problème est que lorsqu’on fait un selfie, pleins de gens s’attroupent autour de nous pour avoir aussi un selfie. Un moment donné, nous étions entourées d’une vingtaine de personnes sans issue possible. C’était un peu angoissant… N’hésitez pas à dire non. Y’a aucun problème avec le « non ». Parfois ils essayeront même une dernière tentative à votre insu ! Une fois l’extérieur visité, nous entrons dans le palace, pieds nus, encore une fois. Nous visitons un palace d’une riche famille royale. En sortant du Palais, Mathilde nous a fait goûter du jus de canne fait par ces mystérieuses machines que je voyais au bord de la route. Vous connaissez maintenant ma 2e boisson préférée en Inde !
Et bien sûr, tout à la main !
Avant de quitter Mysore, nous nous sommes promenées au Kukkarahalli Lake. La nuit tombante très rapidement vers 18h, nous avons eu droit à un beau spectacle de chauves-souris !
Il nous restait un peu de route avant d’arriver au « stay » à Kabini. Même s’il n’y avait que 50km restants, la route fut sportive entre routes en terre avec de gros trous et des chauffeurs fous avec leurs grands phares allumés. Enfin arrivées, nous avons été accueillies par le personnel de Vikas qui nous avait gardé à manger. Tous les plats étaient conservés dans la chaleur et le personnel tenait à soulever le couvercle dès que nous approchions d’un plat.
Je ne vous ai pas encore parlé des salles de bain en Inde. La pièce comprend toujours la douche et les WC. Pour s’essuyer aux toilettes, les indiens n’utilisent pas de papier mais une douchette installée à côté. Exactement comme les musulmans. La douche est à l’italienne, c’est à dire qu’il n’y a pas de vitre ou de rideau de protection, ni de bac. Bien sûr, il est possible d’utiliser du papier pour les touristes si jamais mais veillez à en avoir sur vous !
Jour 3 : Le safari à Kabini
Réveil très matinal. Il est 5h du matin et nous sommes déjà sur le pas de la porte. Pour l’anecdote, nous devions suivre un homme qui allait aussi au Safari et dire aux guides que nous venions de Mysore. Pourquoi ? Car il est officiellement interdit d’avoir des « stays » autour du Safari afin de permettre au safari d’attirer les touristes et de les héberger. Le soleil s’est levé lorsque nous étions dans les voitures, à l’entrée du safari. Nous avons réservé 2 sessions de safari, une le matin, la seconde l’après-midi. La magie opérera pour le reste de la journée !
Il y a des gens qui ne voient jamais de léopards et encore moins de tigres. Puis d’autres qui n’en voient pas dès la première fois. Nous, nous faisions parties de ce petit pourcentage qui réussit les deux ! Cette journée s’annoncera comme un jour de chance car nous avons pu voir une maman léopard avec son petit dès la première session. Il fallait s’accrocher dans le 4×4 car dès qu’un guide était mis au courant qu’un mammifère était dans les parages (éléphants, léopards et tigres), tout le monde rappliquait. Heureusement les groupes étaient divisés sur 2 zones. Après 4h de safari, nous sommes revenues au logement pour le petit-déjeuner. Le plan était de nous reposer mais Vikas, le propriétaire du stay avait d’autres plans pour nous. Lorsque nous lui racontions que nous n’avions pas vu d’éléphant, Vikas a appelé des amis pour savoir s’il y en avait dans une zone sauvage un peu reculée. Une fois qu’on lui confirma qu’un troupeau se trouvait proche d’un lac asséché par la saison, il monta avec nous dans la voiture de Mathilde. S’en est suivis des chemins de terre avec des trous si profonds qu’il fallu sortir de la voiture pour que la carrosserie tape le moins possible le sol. Après 15min à marcher sur le lac asséché à l’heure la plus chaude de la journée, où quelques vaches nous faisaient coucou, nous apercevions les éléphants. Vikas avait emprunté des jumelles. Tour à tour, nous nous les passions et repérions les groupes éléphants s’approchant du rivage face à nous. De ce lac, il restait très peu d’eau. Mais assez pour avoir une barrière avec les éléphants car ils peuvent être plus agressifs que nous le pensions. Ils peuvent courir jusqu’à 60km/h et on nous a bien fait comprendre qu’il était préférable de ne pas être trop proche d’eux. Si vous saviez ce qui nous a frôlé quelques jours plus tard…
Là où nous marchons, c’est rempli d’eau pendant la mousson.
Après la pause déjeuner, la chance continua de me sourire. Vikas s’est arrangé avec le magasin en dessous de son logement pour louer du matériel photo à moitié prix. J’étais munie d’un Sony A7III comme j’ai (mais qui est resté en France pour des raisons pratiques) et surtout j’utilisais pour la 1ère fois, un énorme objectif : un objectif 200-600mm f/2.8. Heureusement que je suis habituée avec mon 70-200mm au quotidien car sinon j’aurais eu les bras en compote.
Pour la 2e session, nous étions dans la zone A, une zone qui me paraissait plus avancée dans la réserve, plus sauvage. À peine entrée dans la zone qu’on observait une famille d’éléphants faisant trempette dans un point d’eau. J’ai aussi pu capturer des oiseaux, des singes et des daims. Je me transforme en photographe animalier le temps d’un après-midi, qu’est-ce que c’était chouette de découvrir ce domaine !
D’un coup notre convoi s’est transformé en un convoi de filature où nous essayons avec les autres voitures de repérer les tigres. Selon les cris de certains animaux, les guides ont compris qu’un tigre était dans les parages. Après 2h de filature, un tigre est passé devant nous. Ce fut bien trop rapide pour que je capture le moment avec l’appareil mais assez avec mes yeux. Après cette soudaine apparition, il était bientôt l’heure de rentrer. Le chauffeur roulait à tout vitesse. Je pensais que nous avions pris du retard mais après 10 minutes de véritable rallye, nous étions face à des léopards qui sortaient au coucher du soleil. Les dernières étincelles de magie avant de terminer cette journée de safari.
Le soir, Vikas a insisté pour nous emmener au bord du lac, proche de chez lui. Ce qui était en réalité plutôt proche d’un champ dans l’obscurité. Si Vikas ne connaissait pas un proche de Mathilde, je vous avouerai que la situation pouvait être angoissante. Je me suis un peu sentie comme dans une mission d’un jeu-vidéo, du type GTA ou Mafia. On devait suivre en voiture l’un des « boys » qui nous guidait en scooter. Puis un indien fit signe de la main, couru à la hauteur du scooter pour sauter dessus. Nous nous enfonçons dans un champ. Une fois arrivées sur les lieux, on apercevait un feu de camps. Pendant toute la soirée, les « boys » surveillaient le feu. Vikas est passé dans la soirée : Mathilde fêtait une nouvelle bougie ! Mis au courant par le petit ami de Mathilde, Vikas avait prévue cette délicate attention depuis longtemps avec un gâteau indien. Après 2h à grignoter, quelle fut ma surprise quand on nous indiqua que le dîner nous attendait au stay. Quoi ?? Mais il y a encore à manger ? Et pas qu’un peu, comme d’habitude ! C’est la tête pleine d’émerveillement et une carte SD bien remplie que je m’endormis au stay pour une nuit supplémentaire car on appris que pour aller à Wayanad, notre prochaine destination, il fallait traverser la réserve naturelle… qui était fermée la nuit !
Jour 4 : En route pour Wayanad
Il est 7h30, nous sommes déjà dans la voiture pour traverser la réserve naturelle avec l’espoir de croiser des animaux sur notre chemin. La chance continua de nous sourire puisqu’on a croisé un éléphant, des singes et des daims. Le taux d’apparition des daims est aussi élevé que le Rattata dans Pokémon !
Mathilde nous avait prévenu que cette route était très jolie. Mais je ne pensais pas vivre un tel émerveillement. Les paysages pouvaient changer si vite, passant d’une multitude de palmiers en contre-jour, puis ensuite des arbres desséchés par la saison, des champ de culture verdoyants… Parfois c’était irréaliste !
Pour annoncer qu’il était en panne, ce camion s’est servi de feuilles de bananiers
Sur notre route, nous nous sommes arrêtées à Harrison ViewPoint à Chelode où nous nous baladons dans un champ de thé, à la recherche d’une cascade cachée. En partant, je me tournais vers des femmes qui triaient le thé. Je n’ai pas compris ce qu’elles disaient mais elles se cachaient à la vue de mon appareil. Elles voulaient être payées pour qu’on les prenne en photo.
Dernière étape avant la destination finale : Pookode Lake. Un lac où les familles peuvent se divertir en y faisant le tour à pied ou en pédalo. À notre arrivée, nous voyons déjà les singes, ceux qui sont gris avec le visage rosé. Eux ne sont pas du tout commodes par rapport aux blancs qu’on voyait dans la réserve. La vigilance était donc de mise. Le lac était recouvert sur toute une surface de fleurs roses. Les indiens sur les pédalos se sont amusés à faire une longue chenille. La chaleur était un peu moindre grâce à l’étendue d’eau et les nombreux ombrages. Nous nous sommes posées à l’entrée pour checker notre route sur le GPS. Pendant ce temps, j’observais les indiens taquiner les singes. Certains leur donnaient à manger, d’autres essayaient d’approcher les familles dont le petit bébé était entre les deux parents. Un singe n’était qu’à un mètre de nous. Personnellement, je n’étais pas bien rassurée.
Mathilde nous racontait qu’un jour, elle avait oublié de fermer son balcon à Bangalore. Et qu’à son retour, l’appartement était sans dessus-dessous à cause de singes qui étaient venus squatter !
Des travailleurs dans des champs de thé
Après un rafraîchissement sur les hauteurs du lac, nous sommes parties à notre stay où le chemin ne donnait la possibilité qu’à une seule voiture de passer. Nous voilà au Magnifico Manor appelé aussi Mountain Manor à Vayittiri, un petit havre de nature à côté de Wayanad où nous passerions donc la nuit. Avant le coucher du soleil, nous profitons de l’extérieur pour faire un shooting photo et s’amuser avec la balançoire. Ne voulant pas ressortir la voiture, on a opté pour une livraison Uber Eats et profiter du stay.
Jour 5 : En route pour Ooty
3 jours consécutifs où le départ était au lever du soleil. Cette fois-ci, la raison était politique. Il y avait des grèves sur les routes car un nouvel accident touristique s’était produit avec un éléphant. Les routes étaient donc susceptibles d’être bloquées par des grévistes.
La route que nous empruntons était la continuité de celle d’hier. Le paysage était encore plus irréel que jamais. La rosée du matin avec le soleil caché par la brume de la vallée nous immergeaient dans un cadre unique. Au fur et à mesure que le soleil montait, les paysages se réchauffaient et le vert quasiment fluo des champs de thé brillait ! La route était magnifique. Les paysages pouvaient changer du tout au tout. Par exemple, en plein milieu d’une zone de forêts remplies de palmiers et de champs de thé vert, nous avons atteri dans une zone avec des arbres géants avec une lumière sans pareil. Féérique !
Bien que nous sommes parties très tôt, nous n’avons pas pu esquiver les blocages. Chanceuses encore, nous n’en avons subi qu’une quinzaine de minutes d’arrêt par 4-5 indiens dont certains avaient le drapeau communiste. Sur la route, nous nous sommes arrêtées plusieurs fois. La première pour manger, la seconde sur un point de vue. Et bien sûr plus cher si vous avez un appareil photo ! Arrivées à Ooty, nous nous sommes restaurées au restaurant Angaara en prenant un Biryani, un plat typique de l’Inde aux origines musulmanes. Après la pause-déj, nous nous sommes posées dans le jardin Rosegarden, un grand parc avec différents jardins pour se reposer un peu. Vers l’entrée du jardin, il y avait de nombreux vendeurs avec leur shop mobile. En regardant Google Maps, nous avons vu un point de vue intéressant qui était en direction de notre logement du soir. Cependant, nous ne l’avons pas trouvé après de multiples recherches à bord de la voiture de Mathilde qui s’est révelée être un véritable 4×4 ! Par ailleurs, Google Maps est à privilégier par rapport à Waze. Les Indiens étant davantage sur Google que Waze, les mises à jour des routes / travaux sont plus fiables !
Pour casser la croûte le matin, nous nous sommes arrêtées dans un shop
Des vendeurs avant d’entrer dans Rosegarden
Le soir, nous avons atteint notre logement qui se situait à Coonoor. En arrivant, nous avons eu la belle surprise de tomber nez-à-nez avec un buffle. Alors que Floriane et Mathilde ouvraient le portail, un indien leur a dit avec le plus de calme possible de retourner dans la voiture et de se baisser car un buffle approchait. Le buffle est passé entre notre voiture et une autre, la faisant légèrement vasciller. Plus tard dans la soirée, en allant manger à Coornoor Junction qui se situait à une centaine de mètres, nous avons recroisé le buffle qui dormait dans le champ juste à côté de chez nous. Autant vous dire que nous n’étions pas très sereines !
Jour 6 : Retour à Bangalore
La veille, nous avons remarqué qu’une église était juste à côté de notre hébergement. C’est donc dans la coûtume qu’à 6h30, nous étions réveillées par la sono extérieure qui diffusait les chants chrétiens. Spoiler : nous avons été réveillées par presque toutes les religions à des heures très matinales durant notre séjour en Inde. De vrais lève-tôt ! Après plusieurs jours de road-trip, il était temps de rentrer sur Bangalore avec 6h30 de route. Sur le chemin, nous avons acheté du thé masala (masala veut dire que c’est un mélange. Le Thé Masala est donc un mélange d’épices.) dans un petit shop, vu des éléphants en traversant une réserve et bu une noix de coco au bord de la route. Que nous avons d’ailleurs payé au prix le plus cher, assumé par le vendeur devant tous les autres clients car nous n’étions pas indiennes. Bien que Mathilde ait fait comprendre qu’elle est ici depuis des années et qu’elle comprenait un tout petit peu la langue..
Sur le chemin, nous nous sommes arrêtées à Mysore, dans un restaurant occidental, le SAPA Sourdought & Pastry créé par une allemande. En s’approchant de Bangalore, nous retrouvions ses étonnements : les voitures en sens inverse, des feux au bord des routes, la circulation qui ne semble jamais se calmer et surtout une ville où tout est possible.
Ces shops sont souvent sur les autoroutes
Jour 6 : Coup d’arrêt à Bangalore
Pagaille à 4h du matin. L’estomac de Floriane et le mien sont devenus fous. Baisse d’énergie, maux de ventre. Qu’avions-nous mangé pour être si mal alors que nous avions mangé dans des shops dans le fin fond de la campagne ? Après inspection, il s’est avéré que c’est la grenade, nettoyée à l’eau filtrée qui nous a trahies. Cette fameuse grenade mangée en rentrant de notre périple. En fin d’après-midi, j’avais repris assez d’énergie pour aller à Cubbon Park avec Mathilde et Somana. C’est un parc immense où il est interdit aux couples de s’embrasser et où il est agréable de respirer un peu de nature dans cette jungle de moteurs que peut être Bangalore. Depuis le parc, il était possible d’observer UB City, une immension maison sur la Tour Kingfisher. UB City est une maison vide puisque son propriétaire a du fuir le pays…
Ensuite nous avons pris le métro pour nous diriger vers Commercial Street. Pour entrer dans le métro, il faut passer son sac aux rayons X et mon appareil photo devait être rangé dans un sac. Il y avait pleins de shops mais nous visitions seulement une bibliothèque de rêve où une tonne (voire 2) de livres étaient stockée. De la seconde main au neuf, il y en avait pour tous les goûts ! L’intoxication alimentaire m’ayant rattrapée, nous sommes rentrées à l’appartement ensuite. Ce jour-là, il était prévu de découvrir le KR Market et de visiter le 2e plus grand centre commercial d’Asie mais nos plans furent chamboulés.
Jour 7 : Encore un nouvel état !
Pour notre dernier jour de la première partie de notre périple, nous sommes parties au Temple Lepakshi situé dans un état voisin, Andhra Pradesh. Que ce soit à l’aller ou le retour, c’était agréable d’observer l’extérieur. Observer les petits villages, regarder les petits stands au bord de la route, etc. Nous avons déjeuné sur le chemin avant d’arriver au Temple. Durant la visite, Mathilde nous a emmené dans l’endroit le plus sacré du temple où après une offrance, le moine hindouiste a fait une prière en notre nom. Après la visite, il était l’heure de prendre l’avion pour New-Delhi.
Je m’étais mal comprise avec l’agence qui pensait que j’arrivais le lendemain matin. Mathilde m’a aidé à réserver une nuit d’hôtel et l’Uber pour nous emmener jusqu’à l’hôtel. N’étant plus avec elle, je vous avouerai qu’on se sent très rapidement perdus !
L’Inde est un pays gigantesque où les cultures peuvent être très différentes d’un état à un autre. Parfois un état tout entier ne peut communiquer avec un autre. On note une trentaine de langues différentes ! Pour ces premières péripéties, j’ai beaucoup apprécié le sud du pays. Ses paysages, ses temples où il y avait peu de visiteurs car nous étions souvent en campagne plutôt que des grandes villes. J’ai apprécié sa nourriture bien qu’elle soit peut-être un peu trop grasse pour moi. Mathilde nous disait que l’important en Inde était de connaître quelqu’un car ils « se connaissent tous ». Ce qui peut faciliter les choses en cas de problème. Et d’ailleurs, ce n’est clairement pas un pays que je recommanderais de faire sans un hôte local avec vous. Cela vous évitera de payer plus cher ce qui est prévue ou d’être victime de corruption de la part de la police, ce qui a failli nous arriver (mais qu’on a évité faute de monnaie sur nous !). Les indiens parlent plus ou moins anglais dans les grandes villes mais il suffit d’un peu s’en éloigner pour rompre toute communication avec eux. C’est donc vraiment un conseil d’être avec quelqu’un du pays, cela ne gâchera pas votre expérience ! Car l’expérience en Inde, elle existe ! Si on m’avait dit que le pays allait me transformer, il m’a surtout donné une vision différente, des points de vue différents de ce que j’avais. Le slogan du pays est « Incredible India« , c’est à dire « L’incroyable Inde« . Ce qui est vrai car elle est si riche en culture, si paradoxale, si énorme et le pays est clairement qu’à 2% de son plein potentiel. Clairement je suis sortie de ma zone de confort sur ce voyage mais l’expérience fut positive !
Je tiens à remercier Mathilde pour ce voyage qui nous marquera sans doute à vie avec Floriane. C’est vrai que sans elle, nous n’aurons peut-être pas eu l’opportunité, ni l’envie d’y aller. Si la différence peut nous attirer, quand elle est trop grande, elle peut nous faire reculer. Nous avons pu voir ce qu’était l’Inde mais il reste encore difficile de la décrire, d’y décrire mot pour mot son expérience. Car si ce pays se dit incroyable, il est surtout imprévisible. Et que finalement, ce n’est peut-être pas le pays qui nous offre l’expérience mais plutôt nous, à comment nous lui ouvrons les bras.