D’Instagram à la folie – Partie 1/3

par | Sep 3, 2019 | Folie littéraire | 1 commentaire

Aux prémices des réseaux sociaux, le principe était simple : partager ses moments de vie pris sur le vif sur Instagram et rester connecté avec ses amis partout dans le monde sur Facebook. Ces petites startups en quête de capitalisation s’en fichaient royalement de notre vie. Derrière, l’enjeu était bien plus grand : la collecte de data et l’addiction à ces plateformes. Si c’est gratuit, c’est toi le produit dit-on. Et utilisant ces services de manière plus prononcée, nous mordions à l’hameçon et par ailleurs, nous donnions les clés de notre bonheur inconsciemment. Comment avons-nous pu passer d’un simple partage spontané à des doigts constamment en train de scroller sur notre smartphone dès qu’on a 1 minute de libre ? Cet article ne peut englober tout ce que je souhaiterai évoquer sur Instagram. Ici, on parlera de comment Instagram rend les gens presque déconnecté du monde réel avec l’appât ducontenu, de la visibilité et de la popularité. Avant de démarrer, voici les chiffres impressionnants qui se génère par mois, par jour, par minute et par seconde.

 

De la disparition de la spontanéité à l’approbation inconsciente

La spontanéité sur Instagram en a pris un sacré coup depuis 2010. Pris d’assaut par les entreprises, le nouveau métier de créateur de contenu et cette étiquette d’influenceur a bouleversé Instagram et le marketing digital. Le feed devient plus travaillé, on manage ses publications et le métier de Community Manager naît presque en chacun de nous. Si vous êtes une marque, il est normal d’avoir une ligne éditoriale régulière. Mais qui aurait-cru que le principe de ligne éditoriale allait toucher aussi les particuliers comme vous et moi ?

Si un feed travaillé me dérange moins puisqu’il est devenu un critère d’abonnement, les stories sont une autre histoire à mon sens. Les stories sont ce qu’étaient les publications au début d’Instagram : le moment présent, l’instant capté sur le vif. Aujourd’hui pas mal de stories s’en éloignent comme celles qui te demandent l’heure à laquelle tu veux que ton influenceur poste sa photo, quel contenu il doit publier ou les backstages de ce qu’ils se passent dans ses notifications. Si c’était de temps en temps, je comprends le check-up de son auteur (et c’est important d’être en harmonie avec son auditoire !) mais quand c’est trop fréquent, c’est à se demander s’il n’est pas finalement à la guise de ses abonnés. Quand je sous-entends “être à la guise de ces abonnés”, je parle des comptes qui adaptent le contenu à l’audience suite aux multitudes de sondages posés. Exemple : Vous voulez que je fasse du paysage ou du portrait ? Vous voulez que j’aille en Italie ou en Espagne. Finalement où est la spontanéité et le partage si un compte doit être au service de son audience. Ne doit-on pas justement être apprécié par notre différence ? Autre subtilité dans mes propos, de plus en plus d’influenceurs (notamment) sont suivis par des jeunes. La problématique devient beaucoup plus complexe à répondre quand le compte doit adapter son contenu (verbale) à une audience qui le suit malgré lui.

Revenons aux stories. Il y a deux autres choses qui me gênent dans les stories et qui ont modifié notre vie et altéré la perception d’autrui. Les stories qui racontent du matin au soir la vie géniale comme si leurs auteurs attendaient qu’on leur dise que c’est fabuleux. Et il y a aussi ces derniers qui ont fusionné leur vie virtuelle à leur vie réelle en montrant absolument tout. À priori, c’est la même chose ce que je dis mais la subtilité est bien là. Le premier a besoin d’attention, d’approbation inconsciente et d’enjoliver son quotidien. Tandis que le second a besoin de prouver et d’être rassurer que sa vie est intéressante et existante. Un jour on m’a dit “Pas mis en story, pas vécu alors ?”. Encore une fois, je ne critique pas tout le monde, seulement les cas extrêmes.. qu’on retrouve un peu trop souvent sur Instagram. Et finalement, si vous vous sentez visé, c’est peut-être un signe de guérison ?

« Tout ce qui fait, à la fois, l’ordinaire et l’extraordinaire de vos vies vous appartient en propre et n’a pas vocation à être donné en pâture, à être offert en partage. » _ Petit manuel pour dresser son smartphone de Guy Birenbaum

Si j’insiste sur ces deux subtilités, c’est que j’ai observé plusieurs profils. Du plus connu au plus secret, je me suis questionnée sur la pertinence des stories partagées et dans quel but elles l’étaient. Je me suis aussi interrogée sur pourquoi je publiais de mon côté et j’ai aussi interrogé mon entourage pour savoir leurs motivations à publier des stories. Mon impression ne vient donc pas d’un sentiment spontané mais d’un questionnement sur une deux bonnes années. Si ceux qui publient pour donner une belle apparence à leur vie m’attriste plus qu’il ne m’effraie, c’est parce que je suis bien plus ébahie par la recherche d’approbation qui semblerait inconsciente chez tant d’internautes. Et oui, il en existe pas mal !

Comme j’ai aimé ce que cette chère Sarah Marchand a écrit dans son mémoire : “Chaque photographie postée traduit, si ce n’est un réel besoin d’approbation ou de validation sociale, au minimum l’envie de se sentir bien, de partager ce bonheur ou de s’en décharger.”. Au même titre que les publications, les stories ont une connotation identique grâce au nombre de vues et de réactions. Mais on ne va pas se mentir, aujourd’hui les stories pour partager son bonheur sont plus rares que celles qui recherchent de l’attention, de l’approbation et de la réaction. Et les stories les plus ridicules jusqu’aux plus impertinentes nous ont tous au moins une fois créé ce sentiment. Notamment lorsque la fonctionnalité Sondage est sortie… avec cette question qu’on a tous au moins lu “Dois-je me couper les cheveux ?”.

Du côté du créateur spécifiquement, je deviens de plus en plus lassée car le contenu s’axe progressivement autour d’eux. Attention, je ne dis pas tous les créateurs mais j’en vois certains qui à la base, partagé leurs voyages et leurs astuces et qui maintenant se transforme en “Martine à Dubaï, Martine en République Dominicaine”. (On met plus l’accent sur Martine que la destination. Le contenu s’axe progressivement sur la personne et non le voyage en soi). Je me dit que ma relation avec le contenu change. En effet, lorsque je m’abonne à un média, ce n’est pas pour voir uniquement ce qu’il produit mais aussi son point de vue, ses découvertes, ses valeurs. Au même titre qu’un média ou d’une entreprise, un créateur qui ne parle que de ses créations à travers ses stories ne m’intéressera plus comme avant. Entre ceux qui prennent IGTV comme leur chaîne de TV-réalité et ceux où le nombril du monde tourne autour d’eux en stories, autant vous dire que mes préférés se comptent sur les doigts de la main dorénavant.

Malgré ces propos un peu pessimistes, je suis cependant très conquise par ceux qui, selon moi, sont de vrais modèles. Parce que leur activité perdure tout en gardant leur simplicité, qu’ils font énormément changer le monde du marketing digital par leur présence et qu’ils ont su esquiver les pièges de Narcisse sur Instagram. En me désabonnant à plusieurs créateurs qui ont perdu clairement de l’intérêt, je me mets à suivre de nouveau mes amis. Quitte à connaître la vie des gens, autant que ce soit des gens dans mon cercle. Quitte à connaître différents points de vue sur des domaines que j’apprécie, autant que ce soit des gens qui m’inspirent. À une époque où je suivais environ 80% de comptes de créateurs, influenceurs ou personnalités et seulement 20% de mon cercle social, la balance s’est rééquilibrée car ma consommation de contenus à changer, le narcissisme sur la plateforme m’a fait fuir de certains comptes et surement qu’avec l’âge, mes intérêts ont aussi changés. Maintenant que la folie Instagram semble s’amenuiser, j’ai besoin de vraies relations dans cet environnement.

Je serai très curieuse de savoir votre rapport aux publications et aux stories. Avez-vous eu ce même sentiment à l’égard de certains Instagrammers ? Êtes-vous déjà senti en recherche d’approbation en publiant sur Instagram ? Sur quel critère jugez-vous votre créateur de contenus préféré au fil des années ? 

 

La suite de l’article est ici.

P.S : Merci Laura pour cette idée de titre !

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